Les origines de la capoeira sont inconnues, et
pour le moins mystérieuses, aucune documentation réelle
n’ayant été découverte à ce jour. Les recherches sont
d’autant plus difficiles que la capoeira n’est pas née
subitement, mais est plutôt le résultat probable d’un
brassage de pratiques multiples effectué sur une très longue
période, dès la découverte du Brésil en l’an 1500.
Sur le terme « capoeira » lui-même, les opinions
divergent, il existe en gros deux versions : la première
soutient que ce mot serait issu de l’indien Tupi-Guarani
« Kaa-pua-era », qui signifie « clairière » ou « herbe rase »,
l’endroit où supposément les esclaves africains s’entraînaient en cachette de leurs maîtres, mais au vu des
Indiens locaux, pendant leur rare temps libre.
La deuxième version retient pour hypothèse le sens
littéral du mot « capoeira » en langue portugaise, qui signifie
« poulailler », en l’occurrence un grand panier à volailles à
poser sur la tête dans lequel les esclaves transportaient les
chapons et autres poulets pour les vendre au marché.
Il semble qu’aussi loin que l’on puisse remonter, la
capoeira est déjà reine dans l’art de la dissimulation et dans
celui de brouiller les pistes, conservant tout son mystère, y
compris celui entourant les circonstances précises de sa
naissance !
Ce que l’on sait aujourd’hui avec certitude sur les origines de la capoeira, c’est qu’elle est née au Brésil, aucune pratique ou tradition
similaire n’ayant été découverte à ce jour en Afrique.
Les colons portugais, sagaces, connaissaient
parfaitement l’adage « diviser pour mieux régner », et
s’employaient à mélanger entre elles des ethnies rivales
depuis des générations en Afrique au sein des plantations au
Brésil. Il est important d’ailleurs de noter que, pendant un
temps très long, les esclaves déportés étaient déjà esclaves en
Afrique, vendus par les Africains eux-mêmes, trésor lucratif
amassé lors des interminables guerres tribales
ensanglantant le continent, et dont certaines perdurent
d’ailleurs jusqu’à nos jours de façon chronique.
Le but était bien entendu d’annihiler toute tentative de révolte en masse, d’autant plus que les ethnies mélangées
entre elles parlaient souvent des langues différentes, ce qui
rendait la tâche encore plus ardue. Peut-être est-ce pour cela
que les chants de capoeira semblent avoir dès l’origine le
portugais comme langue commune, le temps passant jouant
en faveur d’un rapprochement entre les esclaves. Les
rancœurs ancestrales ont en effet probablement disparu
avec les premières générations, d’autant plus que rien ne fait
oublier plus rapidement ses griefs que l’arrivée d’un ennemi
commun. Il est donc communément admis, même si l’on ne
peut le prouver, que la capoeira originelle serait issu d’un
mélange des différentes pratiques des ethnies en place au
Brésil, aux multiples origines.
Etonnamment, on peut trouver des pratiques
« cousines » de la capoeira aux endroits où a essaimé la
diaspora africaine (Antilles, Cuba, Réunion, Madagascar),
plus facilement qu’en Afrique elle-même.
Quoiqu’il en soit, il semblerait que la capoeira soit dès
le départ un mélange de danse, de lutte et de rituels plus ou
moins théâtralisés, où le chant et le rythme sont
omniprésents, mais dont on ne peut dire avec certitude quel
aspect est prépondérant. Tout ce dont on dispose quant à la
capoeira de cette époque et ses origines, ce sont des récits de voyageurs ou
d’explorateurs, décrivant de manière plutôt vague des
affrontements dansés au son des tambours. Il faut dire que
tous les documents concernant la période de l’esclavage ont
été brûlés lors de l’abolition en 1888, sur ordre de Ruy
Barbosa, officiellement pour effacer à tout jamais la honte
de ces pratiques inhumaines, mais également et surtout plus
prosaïquement pour n’avoir pas à indemniser les riches
colons esclavagistes, ennemis farouches des abolitionnistes
et de la République naissante.